Jusqu’ici tout va bien

Programme autonome et sonore, dimensions, supports et formes variables, 2019.

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Ce programme anime une chute incessante à travers un corridor. Le déplacement dans cet espace géométrique, minimal et filaire est rythmé par une phrase qui donne le titre à cette pièce, jusqu’ici tout va bien. Cette tirade de Hubert (Hubert Koundé) issue du film La Haine (Mathieu Kassovitz, 1995) se retrouve projetée à l’infini dans ce tunnel. Le constat pourrait être celui du programme en train de vérifier que la construction sinuant au gré des virages est cohérente. Cependant si on se base sur le film dont est tirée cette phrase on se rend compte qu’elle n’est en fait pas un constat.

 

C’est l’histoire d’un homme qui tombe d’un immeuble de cinquante étages. Le mec, au fur et à mesure de sa chute, il se répète sans cesse pour se rassurer : jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien.
 
Mais l’important n’est pas la chute, c’est l’atterrissage.

Il s’agit d’un moyen d’atténuer le stress d’une condition extrême, de fermer les yeux face à un danger imminent. Néanmoins cette phrase évoque une situation particulière dans la bouche de Hubert, celle du devenir d’un banlieusard semblable à une tragédie grecque ou les personnages ne semblent pas maîtres de leurs destins et courent inexorablement à leur perte. Cette phrase revient à la toute fin du film, non plus comme une métaphore car le sujet décrit n’est plus un homme, mais une société.

Dans ce programme, l’histoire semble figée avant sa fin, le constat se répète mais la chute n’intervient jamais.